“Mental”, sans mentir, on le trouve dans le dictionnaire avec cette
définition : “l’élément intellectuel”. Ce qui, pour le pratiquant de base,
ne doit pas vouloir dire grand’chose. Et si l’on cherchait du côté
des définitions dites martiales ?
Les trois composantes principales du Vo-Dao
sont : le physique, la technique et le mental. Si le Vo-sinh (pratiquant
d’Arts Martiaux Vietnamiens) conçoit assez facilement sa progression dans les
deux domaines physique et technique, ce n’est pas évident en ce qui concerne le
3edomaine. Certes il a déjà entendu parler du « mental
d’acier » ou « mental à toute épreuve » mais, comme beaucoup de
ses contemporains, il a un peu de mal à appréhender la chose.
Dans les anciens vo-duong Vietnamiens,
les su-phu (maîtres d’arts martiaux) avaient coutume de faire passer
le message grâce à des exemples : tel guerrier historique avait un mental
d’acier, ce qui l’aidait à accomplir des exploits surnaturels ; ou encore
telle femme possédait un mental hors du commun, ce qui lui permettait d’offrir
un royaume à son mari (exemple de la concubine de Ngô Quyên). Remarquons que
l’éducation de type confucéen était basée aussi sur les exemples. Et à une
époque pas si éloignée que çà, les candidats aux postes de mandarins devaient apprendre
par cœur des dizaines de biographies de personnages célèbres et vertueux.
En plus de la méthode d’enseignement “par l’exemple”,
les su-phu demandaient à leurs disciples de conforter leurs pensées
en exécutant des exercices martiaux compliqués et des séances de
méditation profonde.
Voilà, le mot est lâché : PENSER.
« Je pense, donc je suis » disait Descartes.
Dans l’art martial, nous ajouterions quelques mots :
- « Je pense sainement, donc je suis
sain »
- « Je pense que je suis fort, donc
je suis fort » ou encore
- « Je pense que je suis plus fort, donc je
dois être plus fort »
- « Je pense que je dois réussir, donc tout
DOIT réussir » (etc et etc)
Ce qui nous ramène à l’élément intellectuel. Mais
n’oublions pas que les arts martiaux est un tout : les composantes
physiques et techniques doivent donc être accompagnées par une
pensée forte. Concrètement, quand vous exécutez un coup de poing ou un
coup de pied, même dans le vide, il faut penser que votre coup soit
ultra-puissant, ultra-précis et “imblocable”. Ou encore, pendant un exercice de
combat, même avec le contrôle, votre pensée doit être celle d’un guerrier
invincible et invulnérable. Rigolez si vous le voulez , mais le fait de répéter
« que la force soit avec moi » contribue beaucoup à vous faire
avancer dans votre progression technique.
Le “mental”, en tant que “pensée forte” est
indispensable dans la pratique des arts martiaux. Mais le mental
sert aussi dans d’autres domaines :
- Santé : un esprit fort est rarement malade,
mais si cela vous arrivait d’être malade ou blessé, pensez fortement que
vous allez guérir, et que vous êtes capable de vivre normalement, comme
quelqu’un en super-santé.
- Social : une pensée forte fait de vous un
être droit, honnête, généreux, toujours prêt à venir en aide à son
prochain.
- Social (bis) : au cas où vous êtes touché
par ce fléau qui affecte 3 millions de personnes dans notre hexagone,
pensez SAIN : le chômage n’est qu’un petit détail insignifiant dans
votre vie. Demain vous trouverez du boulot, et en attendant, profitez du
temps libre pour travailler votre dernier quyên ou votre approche de la
méditation transcendantale.
- Echec : échec scolaire, échec sportif, échec
professionnel, ou échec familial : Travaillez votre mental, ne vous
laissez jamais envahir par la tristesse ou le découragement. Au contraire,
« battez-vous mentalement », « reprenez du poil de la
bête », dites-vous que votre échec est très positif :
grâce à ce petit détail insignifiant, vous avez acquis une expérience en
plus.
Quant à notre domaine, celui merveilleux des Arts
Martiaux Vietnamiens, que pourrions-nous faire pour cultiver un mental de
(vrai) guerrier ? D’abord, appliquer dans la vie quotidienne une pensée
positive et ne jamais se laisser rebuter par n’importe quel incident (voir
ci-dessus) . Ensuite, dans le vo-duong, essayer de pratiquer ces quelques
séances :
- Méditation par le vide, puis méditation
sur telle ou telle technique qu’on exécuterait de façon
quasi-parfaite et imparable.
- Travail d’endurcissement accompagné de
la pensée d’invulnérabilité.
- Exercice de combat à 1 contre plusieurs avec une
pensée d’invincibilité.
- Exécuter plusieurs quyên de suite, en pensant que
rien ni personne ne pourrait vous arrêter.
Cette liste, non-exhaustive, est à travailler en
fonction de votre niveau, et sous le contrôle d’un instructeur ou d’un
professeur qualifié. D’ailleurs, tout bon enseignant sait “doper” mentalement
ses élèves lors des leçons de Vo-Dao. (eh, les gars de la maquette et de
l’imprimerie, surtout n’oubliez pas l’adverbe mentalement, sinon on va croire
que je suis entraîneur de cyclisme ou de foot)
Ma main gauche sur mon poing droit
Mentalement vôtre,